L’île de Groix

Objectif : la Réserve naturelle géologique « François Le Bail » sur la partie orientale de l’Île de Groix.

Lever à l’aube, départ pour le port d’embarquement, et recherche d’un stationnement… mais que font-ils donc tous, alors que les vacances sont terminées ?

Eh bien, ils prennent le bateau, comme nous, et ils sont nombreux !!

A l’arrivée, un petit bus nous conduit à la Pointe des Chats où nous attend l’une des deux gardes de la réserve, Catherine Robert. Là, une surprise agréable : Michel Ballèvre, professeur de géologie à l’université de Rennes et conservateur de la réserve, va nous accompagner et nous servir de guide. Nous ne pouvions espérer mieux !

Notre visite guidée va suivre la côte, de la Pointe des Chats à Locmaria, soit Panneau de la réserve géologique. Photo claude hyenviron sur 1,5 km, dans le sud de l’île. Mais quelle richesse géologique sur ce petit parcours !

Michel Ballèvre nous explique d’abord le contexte général de formation de la géologie de l’île.

Globalement, l’île est principalement constituée de micaschistes (à grenats et glaucophane) qui résultent d’un double mécanisme de subduction d’abord, puis d’exhumation ensuite.

Lors de la subduction, les roches (des basaltes reposant sur des sédiments argileux) vont subir des pressions et des températures qui vont s’intensifier progressivement au fur et à mesure de « l’enfouissement »: les laves (basalte) sont métamorphisées en schistes verts ou en schistes bleus, et les sédiments en micaschistes (extrait des panneaux d’information de la Réserve).

Lors de l’exhumation, la transformation inverse peut s’effectuer si les bonnes conditions sont réunies ; ce n’est pas toujours le cas, et c’est ainsi qu’on peut observer dans des endroits proches la présence de roches correspondant à des étapes différentes de formation (extrait des panneaux d’information de la Réserve).

La balade peut alors commencer.

Nous allons ainsi pouvoir observer successivement, tous ces minéraux, certains spécifiques de Groix. Chaque crique ou plage recèle des trésors géologiques.

Sur chaque site, M.Ballèvre nous expose les conditions de formation de tel ou tel minéral :

* Les schistes verts (faible pression, température inf à 200°)

* Les glaucophanites bleue et bleu-vert, incrustées d’épidote, d’albite et de grenats.

Résulats de la poursuite de l’enfouissement : la température et la pression augmentent (respectivement 400° et plus de 1 Gpa), et les minéraux présents se déshydratent:

Albite + Chlorite             Glaucophane bleu + eau

Nota : Le glaucophane bleu (très rare) est une amphibole.

Glaucophanite (rubans gris-bleus), grenats, épidote (traces jaunes)

* Des amphibolites vertes à amphibole bleu-vert dominante, avec grenats, épidote et albite, et la présence rare de chloritoïdes

* Des micaschistes à forte teneur en muscovite ou phengite et grenats

* Des éclogites à jadéite (omphacite), grenat, épidote

– Passage des conditions du faciès schistes bleus au faciès éclogites

Albite + Glaucophane            Grenat + Jadéite + eau

* Enfin, notre dernière crique va nous offrir une petite merveille minéralogique, des pseudomorphoses de Lawsonite, hébergées dans des glaucophanes à forte teneur en épidote et albite.

Chlorite + Epidote + Albite               

        Glaucophane + Grenat + Lawsonite

Au total, actuellement, plus de 60 minéraux ont été répertoriés sur la Réserve (en particulier : Glaucophane, Epidote, Grenat, Phengite, Quartz, Chlorite, Chloritoïde, Albite ; d’autres sont présents, mais en occurrences plus faibles).

Nous avons pu en observer plus d’une quinzaine au cours de cette balade passionnante, à travers la géologie si riche de cette petite parcelle de côte.

Mais les esprits sont de moins en moins concentrés : il est 13h et une crêperie de Locmaria nous a été chaudement recommandée. Comment résister ?

Ambiance chaude, rafraîchie par un cidre délicieux, crêpes moelleuses… Le détour en valait la peine !

Pour le retour, nous choisirons de traverser la presqu’île pour rejoindre la Plage des Sables Rouges, puis Port Tudy par la côte, via la Plage des Grands Sables.

photo claude hyphoto jacques dillonLa Plage des Sables Rouges tire son nom et sa couleur de la présence prépondérante de très fins éclats de grenats, alors que la Plage des Grands Sables qui n’en contient qu’une faible proportion est quasiment blanche, de la couleur des grains de quartz qui la composent essentiellement.

Arrivés au port nous profitons des derniers rayons de soleil en attendant l’embarquement de retour.

Quelle belle journée !

 

Bibliographie : J’ai puisé quelques éléments techniques complémentaires dans les références suivantes :
(1)     Les grenats de l’Ile de Groix – Dr Alain Abreal – J. of Pers. Mineralogist, p.317-345, août 2009
(2)     Les glaucophanites de l’Ile de Groix – V.Bosse –
http://planet-terre.ens-lyon.fr/planetterre/XML/db/planetterre/metadata/LOM-glaucophanite-de-groix.xml
(3)     Ballèvre M., Bosse V. (2004). L’île au trésor : roches et minéraux de Groix. Penn Ar Bed, 190-191, 10-21.

 

La suite du programme: Les mégalithes de St Philibert par Hélène

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